6 novembre 2008
Une subvention conjointe d'environ 1 115 000 $ (694 375 euros) vient d'être attribuée à deux organismes liés de près à l'UdeS, soit le Centre d'expertise en santé de Sherbrooke et le Centre de recherche sur le vieillissement du Centre de santé et de services sociaux – Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke (CSSS-IUGS). Ce partenariat a pour objectif la réalisation d'une étude d'implantation en Dordogne de la démarche SMAF (Système de mesure de l'autonomie fonctionnelle) développée à Sherbrooke, laquelle permet d'évaluer l'autonomie des personnes âgées ou handicapées. L'annonce a été faite le 23 octobre en présence des représentants de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie et le Conseil général de la Dordogne.
Le SMAF, et sa version électronique le eSMAFII, est un instrument qui évalue une trentaine de fonctions couvrant les activités de la vie quotidienne d'une personne âgée ou handicapée. On cherche à évaluer, par exemple, si elle peut se laver, se faire à manger, demander son chemin ou descendre les escaliers. Le SMAF est actuellement l'outil employé par le ministère de la Santé et des Services sociaux au Québec pour l'évaluation des personnes âgées ou handicapées.
En 2005 et 2006, Pauline Gervais, doctorante en gérontologie, et les professeurs Réjean Hébert et Michel Tousignant ont réalisé des travaux de recherche à Bergerac en France. Un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes a procédé à l'implantation du SMAF. À la lumière des résultats de cette première expérience, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie et le Conseil général de la Dordogne ont décidé de poursuivre l'expérimentation dans un secteur de ce département français. La subvention conjointe a été accordée afin d'encourager une démarche orientée vers la qualité de l'évaluation des besoins et du soutien des personnes en perte d'autonomie.
Le doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, Réjean Hébert, qui est le «père» du SMAF, a annoncé avec grande fierté le partenariat majeur que cela représente pour le Centre d'expertise en santé de Sherbrooke et le Centre de recherche sur le vieillissement : «La Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie et le département de la Dordogne confirment, en octroyant une subvention historique pour eux de plus d'un million de dollars, que notre SMAF représente une démarche très intéressante pour répondre au contexte politique en changement, chez nos cousins, dans le domaine de la santé.»
En France, le soutien à l'autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées est encadré par deux lois adoptées en 2001 et en 2005. À la suite de récentes modifications législatives, les établissements ont jusqu'en 2009 pour développer des plans d'aide individualisés pour les personnes qu'ils supportent à domicile ou en hébergement. Les gestionnaires sont donc à la recherche d'outils permettant une évaluation multidimensionnelle des besoins des personnes en perte d'autonomie. Le projet subventionné permettra d'expérimenter la démarche SMAF dans le département de la Dordogne afin d'évaluer si cet instrument saura répondre aux besoins du système français. Une fois ces conclusions tirées, le SMAF et le eSMAFII pourraient être utilisés dans d'autres régions de la France. Pauline Gervais agira comme directrice de l'ensemble du projet et y poursuivra ses travaux de recherche sous la direction des professeurs Réjean Hébert et Michel Tousignant.
Le système de la santé au Québec est souvent cité en exemple pour ses approches innovantes et le SMAF en est une bonne illustration. À cet effet, Yves Marécaux, chargé de projet au Conseil général de la Dordogne, mentionne que le SMAF amène le système de santé français à poser un nouveau regard sur l'évaluation de l'autonomie d'une personne : «Cette démarche respecte le principe de mesure du degré d'autonomie conservé par la personne âgée ou handicapée et non le degré d'autonomie perdue. Un changement d'état d'esprit par rapport à la façon dont on les perçoit trop souvent, c'est-à-dire des personnes à prendre en charge et non des personnes qui peuvent assumer encore des fonctions valorisantes pour elles.»
Le présent mandat octroyé par la France confirme la valeur des initiatives issues du réseau sherbrookois. L'expertise du Centre de recherche sur le vieillissement et du Centre d'expertise en santé de Sherbrooke en matière d'innovation clinique est reconnue aux niveaux provincial, national et maintenant international. «Le SMAF et le eSMAFII sont de bons exemples de produits de la recherche rendus à maturité et dont le potentiel commercial international ne fait aucun doute, ajoute Réjean Hébert. La France a confirmé son intérêt et nous entretenons actuellement des relations très prometteuses avec le Brésil, la Nouvelle-Zélande et la Suisse.»
Le Centre d'expertise en santé de Sherbrooke a pour mission de contribuer à l'amélioration de la santé par la valorisation et le transfert de savoirs innovants issus de la recherche et des activités de ses partenaires : l'Université de Sherbrooke, par sa Faculté de médecine et des sciences de la santé, le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke et le CSSS-IUGS. Le Centre de recherche sur le vieillissement regroupe 35 chercheuses et chercheurs de disciplines scientifiques différentes et plus d'une centaine de personnes dédiées à la recherche à divers titres et poursuit sa mission au sein du CSSS-IUGS.
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